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L'humble grouillotte est aux manettes - Page 3

  • 10: Relativisons l’extase ou, dossiers suspendus.

    Il n’y a pas si longtemps je n’y connaissais rien en dossiers suspendus.

    Je ne savais pas qu’il y en avait de plusieurs tailles, qu'ils pouvaient être placés dans des armoires, aussi dans des tiroirs, qu’il fallait des étiquettes spéciales et que ça donnait le sourire aux patrons des humbles grouillotes.

    En son for intérieur, il doit se dire – le patron au sourire – « ‘tain on maitrise le truc, on a même des dossiers suspendus pour classer les missions, maintenant ! »

    Comme disait Anaïs Nin ; « Il m'a fallu toute une vie pour comprendre que le bonheur se trouve dans les petites choses et non dans les paroxysmes de l'extase. »


    HG, novice en dossiers suspendus donc (je n’ai pas dit en extase, je n’ai pas dit…).

  • 9: Dialogue : l’inintérêt commun.

    - Ce n’est pas politiquement correct de dire que c’est bon de ne rien foutre ?

    - Non.

    - Pourquoi tout ce qui est bon, c’est mal ?

    - Nous ne sommes pas simples.

    - Rien faire, ce n’est pas que je préfère, juste parfois…  Pourquoi je me sens obligée d’ajouter cette phrase idiote ? Attends je précise, juste être obligée de faire là et comme on me dit de faire. La contrainte. Cette contrainte aussi qui nous agenouille.

    - S’il n’y avait que le travail, mais il y a aussi cette sorte de conjuration des imbéciles. Ceux qui veulent tellement prouver, se prouver qu’ils en ont qu’ils en sont.

    - De quoi ?

    - On se le demande. Tu les reconnais ?

    - Peut-être. Le travail, ce n’est pas ce qui me gêne, je te dis, c’est la valeur qu’on lui colle. VALEUEUEUERRRR, travaille et meurs, bon bougre. Travaille et meurs.

    - Procrée et suis le troupeau ?

    - Oui, travaille, consomme, regarde la télé, évite de penser.

    - Et demain ?

    - Demain je vais bosser, ça m’épuise d’être aussi intégrée à l’inintérêt commun.


    HG

  • 8 :Ils disent ce qu’il faut faire.

    - Il faut prendre du temps pour…

    - Il faut être « maîtresse de maison »

    - Il faut faire une maquette pour savoir où l’on va poser les nouveaux meubles. Moi : « en 3D la maquette ? » « comme tu veux »

    - Il faut trouver les clefs de la cave

    - Nous avons jeté tout un tas de vieilles clefs

    - Non, il n’y avait pas les clefs de la cave dedans

    - Il faut aller à la cave, trouver la cave, voir si il y a un cadenas

    - Les offres ? C’est des urgences les offres bien sûr !

    - Il faut envoyer les courriers

    - Il est parti ce courrier ?

    - Vous êtes sur ?

    - Pourquoi vous faites une base de données courrier ?

    - Vous n’arrosez pas les plantes ?

    - Vous ne changez pas les ampoules ?

    - Pas besoin d’escabeau on a des grands

    - Elle est bien votre base de données factures mais il faudrait aussi marquer les infos sur du papier

    - Il est bien votre échéancier.

    - Il faut marquer le nouveau dans le planning, et dans les feuilles de temps, lui montrer les dossiers et

    - Elles sont où alors les clefs de la cave

    - HG t’as pas encore commandé les meubles ???????????

    A un moment donné, il faut faire le truc le plus ridicule de la liste (la maquette ?) et laisser tomber tout le reste.

     

    HG

  • 7: Passage des actrices.

    En marchant, en suivant le chemin qui mène à mon travail, après avoir déposé ma fille à l’école, je regarde les gens.

    Les autres parents, comme moi, se dispersent, après le dépôt de leur marmaille.

    Je traverse la grande place. Un jeune père à la mèche longue et noire qui cache la moitié de son visage, amène son petit à la garderie et traverse prudemment le passage piéton.

    J’avance dans l’avenue ; les « techniciennes de surfaces » sortent en grappe de l’immeuble d’une célèbre compagnie aérienne où elles viennent de finir leur travail, « ils» je devrais dire — il y a un homme parmi elles. Ils se séparent les uns des autres, en prenant le temps de se saluer tous.

    Deux cents mètres plus bas, les élèves de l’école hôtelière attendent le début des cours ; en noir et blanc, costume cravate pour les garçons, à peine plus de fantaisie pour les filles, à 8 h 30 du matin.

    Je marche toujours. Cent mètres encore, je croise les promeneurs de chiens, quelques parents, avançant vite avec leurs enfants vers une autre école.

    Sur la dernière partie du trajet, parfois, les actrices.

    Ce matin, comme hier : Isabelle Carré en mode maman, soufflant derrière sa grosse poussette, ou Catherine Frot, un jour d’imperméable et de parapluie, impeccable, parisienne, tellement semblable à ce que l’on imagine d’elle.

    Je crois que l’une des seules choses que je sache vraiment faire, c’est « regarder ».

    HG

  • 6 : Pas payée pour penser (en dehors des heures de boulot).

    Pourtant je me l’étais promis : ne pas sortir du travail en emmenant avec moi la moindre pensée qui y affaire. Ne pas oublier que ce temps-là, on ne me le paye pas !

    Mesquine l’idée ?

    La toute fraîche directrice à la mode tente sur moi des expériences managériales.

    Je la laisse tenter et je me retiens : « ne démissionne pas HG ne démissionne pas : t’as un blog sur le travail à écrire !!!! ».

    Partir démissionner, je l’ai trop fait ; pourtant je me demande si c’était alors preuve d’immaturité ou de sagesse...

    HG

  • 5: Le droit de ne rien faire

     M. Thiers, dans le sein de la commission sur l’instruction primaire de 1849, disait :« Je veux rendre toute puissante l’influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l’homme : jouis. » — M. Thiers formulait la morale de la classe bourgeoise, dont il incarna l’égoïsme féroce et l’intelligence étroite.....

    Extrait de : "Le Droit à la paresse" de Paul Lafargue, paru en 1880, lui aussi avait un problème avec la "valeur travail".


    A l'heure où le chomage atteind des sommets, où les femmes en sont grandement atteintes, ce que pensait ce brave homme serait donc déplacé ?

    J'ai l'impression de nager dans un océan de manipulation mentale. Je paranoye ?

    Allez va gagner le pain à la sueur de ton front brave humain, c'est tout ce que tu mérites.

    HG

  • 4: Sérieusement.

    J’ai décidé de me prendre au sérieux.
    Je suis une femme sérieuse. 
    Je ne vous permets pas d’en douter.
    Il n’y a rien de plus raisonnable sérieux et censé que ce que je suis, que ce que j’entreprends.
    Je prospère sérieusement dans un monde sérieux.
    Je parle le langage sérieux des mondes sérieux ou j’évolue. 
    Je demande sérieusement des ajustements de salaire.

    N'A-t-on jamais augmenté sans réticences les personnes prenant un manifeste plaisir à ce qu’elles font ?

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  • 3: Le travail, vu de ma belle-mère.

    « Une maman, ça travaille tout le temps », lança ma belle-mère à ma fille tandis que je lavais la vaisselle. Il faisait beau. Nous étions en vacances au bord de la mer, la gent masculine se prélassait devant un jeu vidéo, et/ou devant la TV.

    J’eus un peu de mal à ne pas sortir de mes gonds.

    Si j’en étais sortie, j’aurais hurlé à ma fille, quitte à lui faire peur : « ARG ! Une maman ça peut aussi ne rien foutre ! Pareil qu’un papa, pareil que n’importe qui ! » Puis je serais tombée en catalepsie pour ne pas risquer d’être accusée de voie de fait sur ma BM, ce qui aurait ruiné ma réputation auprès de la chair de ma chair.

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  • 2: Dieu est bo... bo ! Ou les paraboles de HG

    (Il y a un an et demi ce que je disais de mon nouveau job.)

    Par la grâce d’un Dieu écolo-bobo-bio, j’ai trouvé un travail près de mon domicile.

    Nous sommes en phase d’observation, mes patrons et moi-même et je vous dirais, dans un ou deux mois, si la grâce s’est réellement posée sur ma tête ou si son dépositaire me faisait juste une fleur de 5 minutes.

    Donc, je travaille 20 heures par semaine (pour d’autres que moi-même... ) comme humble grouillotte, avec des gens à priori charmants qui disent des mots français, organisés de telle manière que j’ai du mal à en saisir le sens.

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